Vides

Une rétrospective

Art & Language, Robert Barry, Stanley Brouwn, Maria Eichhorn, Bethan Huws,
Robert Irwin, Yves Klein, Roman Ondák et Laurie Parsons

Comité curatorial : John M. Armleder, Mathieu Copeland, Gustav Metzger, Mai-Thu Perret, Clive Phillpot.

  • Centre Georges Pompidou, Paris. 25 février-23 mars 2009.
    Commissaire : Laurent Lebon.
  • Kunsthalle, Berne. 10 septembre-11 octobre 209.
    Commissaire : Philippe Pirotte.

Texte de présentation :

« Vides » est une rétrospective des expositions vides depuis celle d’Yves
Klein en 1958. Dans une dizaine de salles du Musée national d’art moderne
puis de la Kunsthalle Bern, elle rassemble, de manière inédite, des
expositions qui n’ont rigoureusement rien montré, laissant vide l’espace
pour lequel elles étaient pensées.
L’idée d’exposer le vide est récurrente dans l’histoire de l’art de ces
cinquante dernières années, au point d’être presque devenue un cliché dans
la pratique artistique contemporaine. Depuis l’exposition d’Yves Klein La
spécialisation de la sensibilité à l’état matière première en sensibilité
picturale stabilisée à la galerie Iris Clert, à Paris, en 1958, les
expositions entièrement vides affirment différentes conceptions du vide.
S’il est pour Yves Klein un moyen de signaler l’état sensible, il représente
en revanche l’apogée de l’art conceptuel et minimal pour Robert Barry avec
Some places to which we can come, and for a while « be free to think about
what we are going to do. » (Marcuse), [« Des lieux où nous pouvons venir, et
pour un moment, ‘ être libre de penser à ce que nous allons faire ‘.
(Marcuse) »], œuvre initiée en 1970. Il peut aussi résulter du désir de
brouiller la compréhension des espaces d’expositions, comme dans l’œuvre The
Air-Conditioning Show d’Art & Language (1966-1967), ou de vider une
institution pour modifier notre expérience comme dans l’oeuvre de Stanley
Brouwn.
Il traduit également la volonté de faire l’expérience des qualités d’un lieu
d’exposition, comme pour Robert Irwin et son exposition réalisée à la ACE
Gallery en 1970, ou pour Maria Nordman lors de son exposition à Krefeld en
1984. Le vide représente aussi une forme de radicalité, comme celui créé par
Laurie Parsons en 1990 à la galerie Lorence-Monk, qui annonce son
renoncement à toute pratique artistique. Pour Bethan Huws et son œuvre Haus
Esters Piece (1993), le vide permet de célébrer l’architecture du musée,
signifiant que l’art y est déjà présent et qu’il n’est pas nécessaire d’y
ajouter des œuvres d’art. Le vide revêt presque le sens d’une revendication
économique pour Maria Eichhorn qui, laissant son exposition vide à la
Kunsthalle Bern en 2001, permet d’en consacrer le budget à la rénovation du
bâtiment. Avec More Silent than Ever (2006), Roman Ondak, quant à lui,
laisse croire au spectateur qu’il y a plus que ce qui est laissé à voir. »