Dispositif

Les pages réunies sous le titre « dispositif » sont issue d’une recherche de la HEAD-Genève.
Financement : fonds stratégique de la HES-SO

La recherche voulait préciser la notion de dispositif en matière d’exposition : devait-on parler de display, de dispositif, voire d’hétérotopie ?

On est parti de la mode du terme « dispositif », en grande partie due à son usage chez Michel Foucault. On a soigneusement relevé les occurrences du terme chez cet auteur. On a dressé aussi le tableau des termes voisins et concurrents : Ge-stell (Heidegger), appareil (Althusser, Foucault), agencement (Deleuze et Guattari). On a pointé les difficultés de traduction en anglais (apparatus, device, dispositive)

On a listé les champs historiques d’où le terme provient : théologie et droit, rhétorique, arts, art militaire, mécanique. On a sérié son usage actuel dans les sciences sociales, ainsi que ses applications dans l’analyse de diverses formes d’expression : audio-visuel, cinéma, théâtre, littérature et, bien sûr, arts visuels.

En définitive, il faut bien constater un certain abus du terme qui tend à servir d’outil de description et d’analyse à des phénomènes déjà identifiés, phénomènes qui étaient désignés auparavant par d’autres termes. Le cas de l’analyse littéraire, où un « dispositif » désigne (groupe de Pau) une rupture dans le discours – rupture qui introduirait du visuel –, est intéressant à cet égard : ne s’agit-il pas de ce que la rhétorique traditionnelle nommait « hypotypose » ?

Un tel constat devrait nous inciter à la méfiance en matière d’usage du terme dans le champ des arts visuels. Si l’on respecte le facteur d’hétérogénéité avancé par Foucault, alors il faut appliquer un principe de subsidiarité : ne pas employer dispositif si « display », installation, étalage ou accrochage suffisent, et réserver le terme aux situations où l’hétérogénéité est vraiment présente, et telle que Foucault en indique les ingrédients dans un entretien de 1977 (« Le Jeu de Michel Foucault », Ornicar, Bulletin périodique du champ freudien, n° 10)

Dès lors, dans l’analyse des expositions, le terme peut être utile pour mettre en évidence certains agencements complexes, mettant en jeu œuvre, spectateur et institution, et perturbant la temporalité et les comportements usuels attachés à ce genre de phénomène.