Grand Palais, Paris, 2 mars-4 juillet 2016
Commissariat: Jean-Hubert Martin
Scénographie: Hugues Fontenas Architecte
Textes de présentation
(Catalogue et entrée de l’exposition)
«L’exposition « Carambolages » sollicite votre regard, votre imagination et vos interprétations pour une expérience ludique et sensible.
Les artistes sont mus par une pensée visuelle et puisent leurs références dans l’art universel. Ils privilégient souvent les œuvres atypiques et aiment la surprise. Comme ici, leurs choix ne suivent pas les logiques et les catégories de l’histoire de l’art.
La présentation des œuvres s’ordonne dans une séquence continue où chaque création dépend de la précédente et annonce la suivante.
Cette promenade artistique novatrice convie à un divertissement qui entend stimuler le savoir.»
(Jean-Hubert Martin)
(Catalogue)
«Née d’une réflexion transculturelle sur l’art, l’exposition « Carambolages » propose une vaste et spectaculaire exploration du beau sous toutes ses formes. Ex-votos, pièces contemporaines, peintures occidentales, armes médiévales ou exotiques, masques et statuettes, céramiques… se conjuguent et décloisonnent l’histoire de l’art.
Une cascade d’œuvres surprenantes choisies pour leur force visuelle et leur puissance évocatrice, dans un enchaînement dynamique et un jeu de correspondances visuelles, analogiques ou sémantiques.
Carambolages, un livre-objet unique pour conserver la trace d’une expérience artistique exceptionnelle.»
La visite de l’exposition se déroule linéairement sur le mode marabout-bout de ficelle. Quoique l’on puisse préférer les espaces ouverts qui ne contraignent pas le spectateur, et que l’on ressente d’ordinaire quelque démangeaison quand on vous prend pédagogiquement par la main, un tel protocole méritait d’être expérimenté. Les œuvres et les objets sont souvent surprenants. La culture du commissaire n’est jamais en défaut. On sent qu’il a accumulé des ressources à l’échelle mondiale, depuis ses magnifiques (mais alors tant décriés) «Magiciens de la terre» (Paris, 1989).
C’est une exposition qui s’inscrit dans la filiation d’autres essais anthropologiques. Je pense au «Museum des Geldes» (Düsseldorf, 1978) ou à «The Uncanny» de Mike Kelley (Arnhem, 1993).
Demeure le présupposé esthétique (le beau est revendiqué dans le texte de présentation) qui interdit sans doute que l’on puisse se sentir pleinement sur le terrain comparatiste de l’anthropologie. On pense à ce sujet aux expositions de Jean de Loisy comme «La Beauté», (Avignon, 2000), ou «Formes simples» (Metz, 2015). Sauf que l’on est ici le plus souvent du côté de la curiosité, voire du bizarre cher aux surréalistes. Et l’on prend plaisir à recroiser des œuvres que le goût de l’auteur avait déjà exhibées dans «Une image peut en cacher une autre» (Grand Palais, 2009).
L’auteur s’est appuyé aussi sur sa longue fréquentation des artistes. On trouve dans la bibliographie et dans les illustrations de référence de nombreux renvois aux collections et musées d’artiste. Un hommage tout particulier, en la matière, aux musées sentimentaux de Daniel Spoerri (Paris, 1977; Cologne, 1979; Berlin, 1981; Bâle, 1988).
Il était peut-être inutile d’adopter un ton quelque peu promotionnel pour présenter une «promenade artistique novatrice» ou une «expérience artistique exceptionnelle». On espère qu’une telle littérature n’est pas de la main du commissaire!
C’est somme toute une exposition courageuse qui visiblement n’a pas attiré les foules. Elles ne savent pas ce qu’elles perdent.