Avant d’être employé par Michel Foucault et de connaître la fortune critique qui en découle, le terme « dispositif » a été utilisé depuis les années 1970 dans le cadre de l’analyse de l’audiovisuel. Avec comme point de départ l’usage normatif qu’en fait Pierre Schaeffer dans le cadre du Service de la recherche de la RTF.
« Si le terme de dispositif ne se propage progressivement dans le discours théorique sur le cinéma qu’au milieu des années soixante-dix, c’est dans un contexte professionnel et beaucoup plus tôt qu’on le voit émerger pour ce qui est de la télévision. Il est l’objet, dès les années soixante, de premières définitions théoriques sous la plume de Pierre Schaeffer qui y a plusieurs fois recours pour penser sa radicale entreprise d’expérimentation multidirectionnelle menée à l’intérieur de l’ORTF1. La première de ces conceptualisations se situe au niveau du produit médiatique lui-même dont la mise en œuvre présuppose l’invention d’un ensemble de règles de fonctionnement qui sont constitutives d’un « dispositif » singulier régissant leur production. À cette définition descriptive du dispositif qui peut, comme le dit Schaeffer, se réduire à n’être qu’«une fausse bonne idée» (Machines à communiquer, Tome II, Genèse du simulacre, Paris, Le Seuil, 1971, p. 158), celui-ci oppose, en faisant référence aux réalisations radiophoniques puis télévisuelles de son propre service, une définition normative : celle de « dispositif de recherche ». Elle concerne prioritairement un type d’émissions réalisées dans les conditions du direct dont le « dispositif », visant essentiellement à la mise à jour d’une vérité humaine, « peut être comparé au piège tendu par l’animal humain pour sa capture en vue d’observation » (Schaeffer, ibidem). »
(Guy Lochard, « Parcours d’un concept dans les études télévisuelles. Trajectoires et logiques d’emploi », Hermès, n° 25, 1999, p. 144.)